EPINES
Les enfants du passé ont déserté la plaine d'où c'est qu'ils se battaient contre la mue, émus,
Moi aussi, compère, t'as vu ?
T'as vu, y a pas grand chose à dire, s'est bon gré fait baiser,
Y a que petits regrets à résister mal gré,
Quand d'avoir picolé, ton cœur olé olé, par l'anneau de Saturne, se voit auréolé,
Quand tu concèdes à l'ordre jusqu'à te mordre les doigts,
Quand grimace l'enfant dans une peau ridée, au creux d'un corps raidi qu'on dirait du Rodin,
Il chique le cafard de perdre de l'enfant le "je veux" péremptoire, lâché au fond d'un rade,
Quand mémoire se balade,
Quand tu sais pas où t'es,
Où nous sommes,
Qui ils sont, les enfants du passé aux tignasses si folles et têtes si brûlées,
Quand la raison si niaise les a rasé de près,
Un serpent à sonnettes me rampe entre les jambes,
colon de ma braguette, ça fait mal mais
c'est bien
Son venin vénérien,
il chatouille ses tripes un peu, puis siffle dans ma tête,
Souffle à ses tympans qu'il le faut et puis point
Mon enfant du passé qui ne vénérait rien, un naïf animiste, crie son premier putain,
Puis lui tire la langue puis éclate de rire, dégage ! et la raison se tire par delà la forêt que l'enfant dit hantée,
Mêm' pas peur, qu'on disait dans les sombres fougères d'où qu'elle se planquait,
Mêm' pas peur, qu'on allait en voulant l'effrayer, dégage !
Quand elle s'est transformée, on lui dit: reviens !
C'était y là trouvée la rose du présent, belle bougresse nue, c'est-y là que bronzant, elle a dit viens mon fou ! et c'est y là l'amour, ce que c'est doux l'amour !
La forêt triste et sombre était lors toute en fleurs
Et puis dans ma poitrine, c'est y pas que mon cœur chantait comme un oiseau, tais-toi ! il se tait pas, nan, c'est y qu'il fait le beau,
Mon enfant du passé, dégainant du plastique, a recouvert la rose pour ne pas l'abîmer,
Il regarde, son orgueil se détraque, elle est belle, il en trique, ce truc qui l'a piqué quand il avait quinze ans pour qui c'est y qu'oublie l'espace d'un instant que nous étions ici... bah... pour tuer le temps...
La courtisane le nourrit, caresse sa crinière, le suce, je jouis, je s'endors dans ses bras comme dans ses paupières, la courtisane lui fait un lit aux draps de soie, la courtisane me dit bois !, des baisers de tisane aphrodisiaques qu'elle fait couler sous ma langue et l'enfant du passé, alangui, qui il est, je sais plus, c'est y pas que patraque, il a dit donne encore ! donne encore ! donne encore !
Lors l'indien se débine, bibine et carabine,
Ma terre contre un qu'est-ce que je vous sers?
Mon âne contre un verre et on s'est fait baiser, ma rose et les émois, et merde c'est y pas qu'on rêvait autre chose, les enfants du passé, les émois et leurs roses, ça marchait sur la lune, c'est y qu'on rêvait pas, ça couchait dans les dunes autour d'une flambée, ça voluptait blond-brune sans souci du foyer ni d'un cœur écœuré, étouffé, suffoquant sous les plis d'un plastique hermétique, ça parlait pas tant thune quand un verre se versait, ça s'échangeait les rhumes arrangés dans le rhum, les p'tits mômes vingt piges qui beurkent les légumes et puis bouh ! les fantômes, ça s'volait dans les plumes, ça tombait dans les pommes, ça craignait ni l'écume, ni l'enclume, ni le baume des mauvaises fortunes qui bercent pour le somme, et ça riait,
ça riait ça pleurait
c'était saoul d'âtre saoul
c'était fou d'être fou
et ça rêvait d'enfant heureux d'être épineux, trépignant cependant d'être grand un beau jour, épiant les sentiments des adultes amours, pépins des alentours en doucereux velours,
La petite épopée de l'enfant du passé qui veut que le temps file à vitesse d'étoile
Son je veux qu'était jeu se veut lourd, les draps sont si soyeux, et s'installe, ses bras si doux et lisses,
bon troc ! a dit l'enfant, bye-bye! le duelliste, il retourne sa veste et ugh ! à la vestale,
Trois coups sur le tambour, trois coups, ça lui fait mal, trois petits coups, en piste ! plus de rebours débile, on s'est bien fait baiser, trois coups et plus de bile, on s'est bien fait biaiser, mon enfant du passé, ce temps bouh ! d'araignée, ce temps m'a enfilé sous sa toile effilée, une seule foulée, une seule bouchée, et l'enfant se défile dans l'instant pédophile,
c'est un ogre.