L'IMMATURE
Djokhma la ride
Je veux muer
Je veux savoir le wakh des sages aux voix cassées
Djokhma l'aride
Je veux sécher
J'ai le nez sous le lait la joue toute mouillée
La mouille sur la langue qui me fait zozoter
Donne-moi de l'âge
Ça doit pas être compliqué de devenir un homme
Qui a une grosse voix et n'a rien à prouver
Un costume griffé lisse repassé
Qui n'a pas l'impression d'avoir à se vendre
Qui n'a pas l'impression de passer du bois à la cendre.
Qui pèse.
Merde ! Merde, vous-dis-je.
Ils sont moches, ceux-là. J'dis fils de chien, c'est trop d'honneur car le pire caniche a de bien meilleurs mœurs. Ils sentent le chat, sauf mon respect, celui qui se fait écraser et qui se gare à l'ombre, dans le bas côté, et qui raidit doucement en soufflant fort, en crachotant son sang, et en braquant plus bien longtemps.
Merde !
Mon pelage est froissé.
Je funambule sur la gouttière, sale et mal coiffé.
Mon miaulement puceau fait rire les oiseaux. Juste les petits.
Ma silhouette ridicule fait grogner les faucons qui valsent et tournent en rond, plus haut.
Je ne suis pas très à l'aise de les avoir au dessus de moi.
Merde, vous dis-je.
Va bien falloir rugir.
Mais on ne caresse pas les gros matous.
Et moi, je veux des caresses.
Je veux rester sous la paume.
Qu'on me chatouille le nez.
Qu'on me fasse des guili-guili sur le ventre.
Que je m'étende de tout mon long entre tes doigts qui jouent,
Que tu t'attendrisses de mon plaisir d'être contre ton sein.
Je ne m'habillerai même pas aujourd'hui.
Je ne me laverai même pas aujourd'hui.
Je te lécherai.
J'aurai le pouvoir.