LA MATURE

J'ai pas l'temps d'avoir faim

J'ai pas l'temps de grogner

Sitôt toucher le sein que pudeur l'a mangé

J'ai pas le temps de rien

L'aiguille effarouchée s'est repliée dard-dard

Après m'avoir piquée

J'ai pas le temps de tout

M'en fous, vais pas m' presser

Vais laisser l'temps filer, la saison m'enrhumer

Et me dépoitrailler dans l'arc-en-ciel

Et rougir dans ses flèches et brunir dans sa plaie

M'en fous, vais pas m'presser

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Je vais fondre avant-hier

Demain je te baisais

Y a le matin qui chiale sa nuit qu'il a laissé

Au sommet de la bute

Crie pas, s'est endormi

Le voilà qui gazouille dans le fond de son lit

Manipulant les ombres

C'est joli mais c'est quoi ? 

Je dessine un oiseau en me nouant les doigts

J'avale une phalange

C'est ton corps que je broie 

Mais le vent a soufflé les persiennes

Si t'es plus là, t'es où ? tendresse putain, froid

Mais le temps d'avoir froid, pas le sang d'être proie

M'en fous, vais m'réchauffer

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Je m'habille, je me casse

Laisse le lit défait que mémoire les repasse

Ces tâches, c'est de toi ? Ou d'une autre semaine ? Ou d'un très ancien moi ?

Le vieux ! Celui qui se rongeait les ongles

Brûlait le calendrier PTT par la queue de ses chats

Le mégot du matin au fond du cendrier

Et l'effort amnésique

Qui cherchait le soupir au creux de la musique

Qui branlait x y putain l’arithmétique

Et les rêves giclés des désirs cartographes

Ces vies qu'on a pas vues, ces vêts que l'on dégrafe

Dans la hâte des griffes

Sous le polyester

Mais dis-moi, bordel, il crèche où, hier ?​

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