quand j'étais petit
et elle aussi
elle était blondinette
elle dessinait des chevaux
et après elle était brune, arrivée avec le tgv
enfin presque, son père posait les rails
ils lui disaient sale bougnoule de sous les abri-bus
j'enviais leurs pots kités à s'échapper
je déclarais ma flamme un soir de saint-Jean
le lait bouillait au bout de nos nez, coulait en chemin vert
et son frère ne voulait pas que je l'aime
mais
je le faisais quand même
en cachette
après, avec les copains, on était un peu con
on mettait nos mains sur leurs chaises
à la cantine
pour qu'elles posent leurs fesses dessus
ça nous faisait marrer mais on était plus con qu'amoureux
après, on apprend la langue et alors
elles étaient intelligentes et à lunettes
elles étaient les premières de la classe
je devais enlever mon appareil dentaire pour que mon palais soit doux
on chronométrait la durée du palot
on faisait de la compet
plus besoin de respirer
après, on apprend vraiment le sentiment
le zizi devient bite et vite très grand
parce que, pour elle comme pour nous, ça démange de glisser
les doigts dans les braguettes
de vomir des parc-mètres et tous les d'où viens-tu
de dégrafer les soutiens-gorges, et un jour
je suis nu et c'était pitoyable
je m'étais jamais servi de ce truc qu'entre mes doigts
et c'est très différent
en plus, le cœur est tellement exalté que ça explose trop vite
mais il fallait que ça passe par là pour savoir comment ça devait
être mieux
on avoue
pour elle
pour moi
le temps
pour nous
et pour les prochaines auxquelles on ne songe pas encore
ensuite
j'ai fraudé jusqu'au baiser
ils ont finir par m'avoir
la patte sur l'épaule
mes lèvres cintrant la tienne
avinée et noire
du dessus
enflures, j'ai crié
ça a leur a pas trop plu
j'ai tâché de me faufiler
juste tâché
ils m'ont tiré vers le couloir
et toi, métro à prendre
t'as pénétré dans la sonnerie
quand les portes se sont refermées
avec ta bouille emmerdée
et t'as disparu
dans l'agenda
dans les corps nus
t'as du sauter dans la flotte interdite
à t'en couvrir l'épiderme de plaques reptiles
les peaux vierges
sans expérience
à planter des sardines pour des ourses petites
les toiles où rien jamais ne s’efface
et si tu n'es pas prête
bah moi non plus
je te regarde sur tes échasses
le désir bariole sur on de l’obscur ou des couleurs
naît-il sur le parking d'une grande surface ou sur un lac gelé
de la sueur, du concret, des rires, de l’abstrait
Bruges nous noie dans une carte postale
nous ne sommes pas des fridas déglinguées encore
à griffonner des cordons ombilicales entre le berceau et le linceul
du naïf, du surréaliste, de l’imp ou de l’expressionniste, ce qu’il veut
il va falloir que tu t'en ailles
pointillonnant à tatillon sur nos traces jaunissantes
au nombril des nationales
que tu rejoignes ta vie popolsku
conduis-y, moi je flâne
que je reprenne la mienne à piétiner instable, du brut
sur le que devenir, du doux aussi
on ne se détachera jamais d’aucun trait, d’aucun motif
c’est là
tu pleures recroquevillée dans l'escalier rue blanche
il peut bien tenter de peinturlurer par-dessus
tordu sur un canapé à en perdre le dossier et l'assise
laisser l’enfant gribouiller jusqu’à l’imperceptible
c’est là
dans une cave praguoise, sur la mousse d'une brune
les coulisses de la piscine
quand nous étions nazis sans faire exprès
un jeu de rôles nous intime au baiser
les chiffres nous tueront
dans les gonces d'un sofa rouge
tu vois des p'tits pépins dans le fond de mes iris
je te rêverais sur moi avec tes petits seins apaches
ils enfleront demain à s'éclipser sans bruit
de par le pont de corde débroché par l'aiguille, l'horloge nous isole
la butte n'est qu'à nous
ou à se baigner nus, à jaillir du hublot,
les péniches sombrées
les clic-clac naufragés
la coque sans dessus-dessous, raillée à l'iceberg d'une carte vitale
le jour où tu ne sentiras plus le pinceau
dedans et sur ton corps c’est que le désir est mort
pareil que toi
l'amour qui va me casser les dents, éclater ton corset
me faire pousser le poilu, déposer la baïonnette
avec le sérieux des adultes qui ronge le cerveau
plus que le cœur
ou l'inverse
et c'était aussi bon que de manger
le meilleur chocolat du monde jusqu'à s'en rendre malade
tout vaut la peine pour se faire la moustache
celle-là
avec ses petites lunettes rondes
son minois de clown grave à croquer
elle a été très profond sous ma peau
et la vie fait des choses
parfois
qui l'arrache, la peau
alors même si dessous
c'était très chaud comme du sable
sur une île perdue entre la Thailande et le Viet-Nam
et qu'on s'allonge à poil
la température n'a pas tenu
c'est comme la loi des saisons
ton regard nuancier derrière l'épiderme
mon frisson au bout de ton ongle
comme une folle d'asie
tes amis, ta famille exposeront la toile achevée dans leur musée au cœur
ou sur un disque dur
on dira c’est beau c’est triste comprends pas ’comprends rien
on parlera de l’œuvre à l’enfant qui ne t’a pas connu, il se peut même
qu’on t’oublie
y a pas de musée pour toi
peut-être un grenier quelque part, un feu dans un jardin
on, ce qui ? Parce qu'on s'en... quoi ? Nous tu vois ? enfin moi, ce que je dis
en attendant, mon corps dedans le tien, se colore
vif et brûlant
je bois ton encre
j’ai si soif, je bave sur toi, je t'enhuile en polyptique
je peins au couteau, je t'esquisse en fusinant du doigt je te pastelle tu m'aquarelles avant que je ne gouache tout toute la nuit
toute la matinée carminons-nous
rien n’existe en dehors, haïssons le monochrome, explosons
tout, le bleu d'opale, jaune des draps ouverts, le vert du va-nu pied
le grigri au nombril
l'exigence du à suivre
le tapis de septembre aux abondances rouge qu'on répand sous la table
ou que je pillow book, ce pâle à obscurcir
l'incolore délavé de ton sept-mètres carré, sans fenêtre
entre deux rives suspendues
et il aurait fallu remettre ça
sans la procuration, les relais lieutenants
t'extirpant de la crise
du vieux
un peu beau et sordide
je t'avais cru à vendre
ou petite marchande de briquet
rendue un peu hystéro par le ras-le-bol de vivoter
et peut-être l'étais-tu, à vendre
tu t'es donnée en rage
t'as tant de triste au fond et tant de flou au triste
« l'écran noir de nos nuits blanches » qu'il chantait
arrête ton cinéma
viens-y vivre chez moi, dans mon sang, un instant, le temps que l'antidote agisse ou que la peur grandisse,
le montage incohérent sur ta peau si sombre qu'on en fondrait un générique,
le feu aux gélatines,
les lettres graphitées de coquillages, l'architecture haïtienne,
les créatures ordures ne sont plus que nos ombres flouées
sans doute un peu trop court ,
et une fin lamentable, spectatrice intranquille, on se serre, s'insert, se rapproche, en faisant fi des généraux, décadrons-nous
nous plongerions et contre-plongerions dans des s.f informes, des série quoi ?
j'inventerais des alphabets différerais les doublages
du schmouk, évalek, crottes de chipoleks et schmouliks
et des panoramiques qui débordent
des travellings déraillés
des scenarii ogres aux langues fourchues
ton étrangeté la toile
la peur de ta mère projetée en toi derrière
l'appréhension de mon père projetée en moi derrière
on est que du temps qui passe, des générations à supplanter
les confusions d’inné, de gène, de mémoire, d'acquis, de savoir,
mais sais-tu qui tu baises
ta beauté le rideau d'une cabine d'essayage
où se branler devant des films badass
architecture du complexe et violence du hors-champ
des faisceaux plein les yeux
de ce qui n'existe plus
yesterday once more
y en aura eu plein, des nexisteplus, y a eu, y aura
toi, moi ce matin atterrés d'une nuit alunie,
nous
éditerions l'adultère en deux maux comme des bi-zigotes
à deux mots de se laisser comme des pas de loups,
de conjuguer les valises, dessous l’œil et dans le poing
à l'oral
dans le confessionnal
d'un édredon ( ce qui ? ) éventré
les instants radieux d'un cul qui se promenait dans plein d'appartements
et que je croquais avec l'appétit du survivant à l'avalanche
celles-là, majestueuses et uniques
aimables comme la femme fatale qui te tend
le poison au bout d'un baiser
celles-là
grandes, petites, moyennes
douces, caractérielles, connes
éblouissantes, putes, naïves, cyniques
celles-là avec qui tu t'endors devant un film d'action de merde
ou qui te sucent devant Terrence Mallick
à qui tu fais la lecture de ta dernière pièce
ou qui te lit le fait divers du parisien
chez qui tu sonnes avant l'aube
que la place au chaud est déjà prise
ça ne me dérange pas
qui te redécorent ton 15 m2 avec des fleurs
ou avec des mots de haine et de colère
celles-là elles me tenaient au monde par la queue
et toujours trop emballé
le cœur était une balançoire aux cordes craquellantes
j'avais envie qu'elles me tiennent en suspens tout en haut
je voulais qu'elles me lâchent et que ça aille très vite
qu'elles me poussent en courant derrière-moi
et que devant, elles m'invitent à sauter pour rejoindre la terre ferme
et je n'étais plus un enfant
je n'étais plus un jeune blanc-bec avec des boutons non-plus
j'avais une barbe de cinq jours et les yeux défoncés
j'avais l'argent et la rage et la tension à 16 la nuit contre 2 au matin
et l'envie de jouir sur leur visage
et alors, j'aime, à la folie, car je suis fou
et c'est pour ça que tu dégages
car tu es folle
on fonce dans le mur
car on veut savoir ce qu'il y a derrière
le mur
j'ai trop regardé batman quand j'étais petit
j'avais kim bassinger et rita hayworth en présentoir aux éditions atlas sur le chevet, parfois jean simmons ou nathalie wood
tout est affaire de gants, de noyade, de chute libre
et maquiller tout ça pour des combats d'indien
les dinosaures, les panini waddle, dimeco, amoros, les fiches du bonnet rouge
l'enfance à sa brocante, apprends à décollectionner et fuis les marketings, prends les cinquante boules de ta navette spatiale rendues par la mairie quelques saisons plus tard et troque l'amnesia de tes vitres sans teints contre ce don au vide
car tu es si belle, enrobée de latex
je te dois tellement ça
griffe
et on sort de la bagnole en marche avant le ravin
et quand elle s'en va, je dis "reviens !"
quand je suis sobre, j'ai envie de rompre et puis bourré, j'ai envie de boire
mais c'est trop tard
on avance sur nos petits flaques de chagrin
et c'est si rigolo de patauger
dedans
en éclaboussant
autour
on se fait le pire comme une passion qui s'amuse
donner, prendre, recevoir
tout est brusque et sanguin
on s'en fout, on vit, on crie, on rit, on pleure
bah quoi ? On s'aime, non ?
ça explose à la manière d'un raisin qu'on fait gicler entre ses doigts
quand vient l'heure des vendanges
et que l'ivresse est déjà sur les papilles
on est ravi de ne rien maîtriser et
quelque part
on est même ravi de savoir qu'on paiera tout
l'accident nettoyé, les nattes déchirées
pécher du carpien sur ton corail en feu
le beurk de l'ourcq et l'aa pour sécher les contrôles
et voler des baisers aux filles d'Odin qu'elles se cuitent dans mon crâne
la stadskantoor à vue entre deux trois moulins
où rêver d'un burger tout bien rasé de près
tu ferais des embouteillages
avec ton minois rond et petit cul sculpté
pour la tremblante poigne à plume, pfff, à pinte
là, elle se pose, se calme et sans plainte
cherche ton anus d'une tige ou deux sûres d'elles
en confiance
dans la survie
et sans les symptômes du besoin
alors toi, à l'arrache
à l'arrachée, me manque souvent
je passe encore devant chez toi
et le code me revient
quand j'ai pas de place pour les chiffres
je remonterais volontiers sans prévenir
me lesterai de l'aligot des auvergnats cinéphages
quand j'ai pas la force pour les marches
qu'on m'envoie le téléphérique qui perce les brouillards
et touche aux villes fantômes au crime d'une levrette
juste me blottir contre ton corps doux rikiki
ton bobun soyeux
PEAUX CONFITES
1ère PARTIE
Peaux Confites, poésie, Archibald Aki // Les Venterniers // Confidences sous la peau La Simiesque
Peaux Confites, poésie, Archibald Aki // Les Venterniers // Confidences sous la peau La Simiesque
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