A n’apprendre jamais qu’à appartenir,
L’enfant demain encore se pendra au drapeau,
Accroché à sa terre comme moi, à ton lit,
A tes seins sans patrie, Ã tes draps fous de peaux,
Un asile où je suis, sans papiers, accueilli,
A n’apprendre jamais qu’à appartenir,
L’enfant demain encore à genoux sous l’autel,
S'inclinant pieusement entre cieux et tapis,
Demandera pardon d’avoir été mortel,
Sans regretter le jour où il n’a pas joui,
A n'apprendre jamais qu'Ã appartenir,
Nous ferons d'un bouffon médiocre et médiatique,
Un fond d'écran propice au néant qu'on projette,
Une idole, une e-conne de subversion plastique
Sans voir que son nombril a engrossé sa tête,
A n'apprendre jamais qu'Ã appartenir,
Et posséder toujours quand vitrine émerveille,
Nous nourrirons ces hyènes vêtues de prospectus,
Couverons ces aliens vendus au prix où payent
Ces lendemains grognant au creux de nos anus.
A n'apprendre jamais qu'Ã appartenir
L’œillère a mangé l’œil, l'oreillette l'oreille,
Nous dormirons sereins dans un lit carré-blanc
Et nous nous flatterons d'avoir couche pareille
Toisant cent paysages, se feignant conquérants.
A n'apprendre jamais qu'Ã appartenir,
Nos beaux adolescents aduleront des murs
Parpaings déliquescents où leur ombre est fissure,
Délaisseront jardins pour graffer des ratures,
Gober les baratins, hachurer leur nature
A n'apprendre jamais qu'Ã appartenir,
On croit la liberté au fil de leurs prompteurs,
Karaokant prêcheurs, paroisses de tous poils,
Péchant dans ces canaux qui appâtent et leurrent
Nos p'tits thioffs ignorants qui brûlent sur le poêle.
A n'apprendre jamais qu'Ã appartenir,
Nous bannirons le rire, « ce qui est bon, c'est mal »,
Certifierons qu'une œuvre écrite de main d'homme
Est Sainte Vérité ou Verset Infernal,
Sans douter du palais où l'on damne sa pomme.
A n'apprendre jamais qu'Ã appartenir,
« Tu mérites l'enfer » médira-t-on , frangin !
« - Ne vois-tu pas, bon dieu, que l'enfer nous mérite ?
Rendons à ces hargneux ce qu'il leur appartient
Tant que feux assassins sont seuls, ceux qui crépitent.