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COMMENT ON S'ECLIPSE

EPISODE 14 // dU viVaNt dEs guEuX

De ses nombreux halos, Dame Lune l'appelle.

A l'autre bout du fil, il décroche le ciel

Dont la belle autochtone a la face ravie.

Le loubard lui sourit de toutes dents pourries.

Est-elle la réponse à sa fringale d'être ?

Personne ici ne sait où donner de la tête.

Dans le doute, un beau jour,nous nous en abstiendrons.

Nous n'en donnerons plus et puis nous mourrons. Cons.

​

En attendant, le gueux se la voue à la lune.

Ils se parlent aux yeux, voie lactée sans lacune.

L'instant semble durer toute l'éternité

Mais des radieux semblants, le temps sait se moquer:

Quand le bougre est certain qu'il s'est fait oublier,

Il montre vite alors la pointe de son nez.

Son Éminence diurne approche par surprise;

La Lune voit soudain que la nuit s'amenuise,

Que vocalisent coqs, que noctules s'agitent:

" Un seul coup de soleil et hop ! Me voilà cuite !"

​

Bernard est tout ouïe quand la Lune se montre.

Pour elle, autant pour lui, c'est un contre-la-montre.

A l'hospice du jour, tout deux restent hostiles,

Ce lion de soleil n'offre pas lieu d'asile.

Dans sa crinière, il ploie les reflets de l'époque;

La lucrative proie, jamais, il ne la croque. 

Ô Vitrines léchées par la langue aguichée !

Bave si peu gâchée des rancards au guichets

Ouverts comme des plaies que vert-billets dé-pansent.

Faites donc ce liquide couler en abondance.

 

Bernard est un vampire. Y a que la nuit qui conte.

Ca lui est douloureux, la caresse si prompte

Qui s'éteint se drapant de l'urgence quidame.

On renaît au matin comme on revient des flammes;

Chacun sa galère et sa rame, insouciant

D'apprivoiser ce drame qui nous unit tant:

La tragédie d'un monde avançant malgré nous,

On le poursuit, on tombe, il nous met à genoux,

On se relève, on court, on croit le rattraper,

L'horloge tend l'aiguille et nous fait un croch'pied.

​

La nuit, c'est autre chose, un théâtre magique, 

Un ventre qui gargouille en notes de musique.

Portée de lune louve hurlant à l'agonie 

Quand frénétique grouille sort son nez du nid,

Accouvée , Å“uf berceau gercé dans la furie,

Du calme à la fureur, des voluptés au bruit,

Par le vrombissement enroué des ruées.

Les dring, vrrroum, hiii, schpam !

                                            " Chauffard !

                                                     - Va t'faire enculer !"

 

Ces mots ne trompent pas les oiseaux nyctalopes,

Pressentant les nuées des éclaircies salopes.

Cas catins en croisade et conquérant trottoir

Où les belles de nuit, enchâssées, broient du noir.

 

Le temps tourne sa veste aux modes journalières,

Se leste de sa toile aussi noire qu'éclaire 

Le tissu bling et neuf de son fade costume.

Ainsi toute étriquée comme il est de coutume

A l'aube où point là-haut le la couture solaire,

Dame Lune docile apprête ses affaires, 

Range ses loups-garous, ses errants, ses vampires,

Plie ses jambes en l'air, assobrit l'ivre rire. 

 

​

vivant des gueux, la lune au lasso, dess

Les faits, d'elle, ferait banale opportuniste.

Verdict inopportun. Sachons-le: Lune est triste. 

 

- Viens vite sous mon aile ! Et reste dans son ombre...

- Je dois encore flotter jusqu'au quartiers sombres,

J'ai un rancard là-bas et là-bas, c'est perpette !

Si je ne m'y rends pas, elles me font ma fête. 

Elles m'ont menacé de me faire une tête

Au carré...

                  - Malotrues !

                                    - Imagine l'air bête. 

Leur rumeur se répand: Dame Lune est trop vieille !

- Vous êtes chaque jour plus belle que la veille."

Et la Lune roussit devant le compliment.

" Si ces traînées, parbleu, pouvaient en dire autant 

- Tu es fortes pourtant et elles, rikiki !

- Ça n'en est que plus dur d'ouïr leur railleries

Et si nous jugions tous, chaque chose à sa taille,

D'où je suis, ton espèce aurait / Aïe !!!!!

                                                               Le Coq piaille.

Le soleil débouchonne un à un ses crayons.

Son heure est arrivée, il trace ses rayons, 

Dévalisant, soigneux, ses oripeaux clinquants:

" Ne t'ai-je pas déjà dit de foutre le camp !"

​

Alors la voie lactée, remontant la lunette,

Lui met au nez un rail de poudre d'escampette:

" A demain, vagabond ! Les journées rétrécissent.

Il se fera discret jusqu'au prochain solstice. 

Ainsi le veut la loi, ainsi le sacerdoce,

Il me graciera donc d'un réveil trop précoce.

Ses grasses matinées qui plus est l'alourdissent.

Un peu plus froid seront ses clairvoyants supplices.

Quand au lézard qui aime à se laisser dorer, 

qu'il sache qu'un soleil aussi doit macérer 

La matière sniffée contre ses gras services

Aux dos massés à qui plaisent bien ses sévices."  

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