COMMENT ON BONIMENTE
PROLOGUE // dU viVaNt dEs guEuX
«- Oyez, bonnes gens de bonne famille, oyez !
J’espère que l’endroit, à votre bon goût, sied …
Si le lieu ne plait pas, patientez un instant ;
L’histoire qu’on raconte est riche en mouvements…
Pas encor, camarade ! Il n’est pas encor temps !
Il est un épisode à raconter avant :
C’est ici que commence l’histoire du gueux
Que voici !
Ma mémoire l’entend de ses yeux
Mais vous étiez absents et ne le voyez guère…
Il est là , croyez-moi, tel qu’il l’était naguère…
Moi-même, en ce temps-là , était moins vieux, plus beau…
Cette potion a don de décourber les dos…
De repasser la peau… De dérouiller les os…
Cette fiole, mon foie, est tout ce qu’il nous faut…
Goûtons.
Non !
C’est risqué.
Que vois-je ? Une vioque…
Vieillarde, allons, buvez ! (Voyons si elle s’estoque…)
Laissez m’en donc un peu, espèce de pochtronne…
Comment vous sentez-vous ? Un tout petit peu conne ?
Je n’en crois pas mes yeux… Cela est un succès !
Mesdames et messieurs, l’histoire a commencé !
EPISODE UN // dU viVaNt dEs guEuX
COMMENT UN GROS PATRON MISE SUR LES BONS CHEVAUX
C’est ici le repère aux loques et smicards
A qui la vie tient tête ;
Et les leurs, au comptoir,
S’abreuvent du nectar, oublieux de la merde,
Se retrouvant, en vain, au lieu où ils se perdent.
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Ils avaient échoué dans ce boui-boui pourave,
Dégueulis du ressac, tandis que leur épave
Escomptait le renfort de la cavalerie,
Petite flottaison, perdue dans la prairie,
Dont la seule lucarne ouvrait, Ã tout hasard,
Sur des bourrins auxquels ils se plaisaient à croire.
Ainsi, la bouche bée sur le téléviseur,
Ils naviguaient, halés par l’étalon vainqueur,
Et ce canal, où bien d’ivres rafiots s’égarent,
Devenait lit d’un fleuve où l’or coulait. Au bar.
​
Au galopin, bâtards miroitaient pure race ;
Cet espoir galopant les tenait en surface
Et écumait encor moussaillons de tout bord,
Venus tremper ici, pensant qu’ici, l’eau d’or.
Ils se lavaient alors, harnachés aux bidets,
Des crasses d’une vie qu’ils avaient sabotée,
Les gueux se dégoûtant de n’avoir sur leurs gants
Qu’effluves d’un parfum que n’a guère l’argent.
Voilà comment Patron, en brassant les lagunes,
Se marrait, amarrant au coffre-fort, fortune.
Une fois celle-ci ancrée et influente,
Il profita des crues de la marée urgente
Et dragua ces recrues pour qui reflets d’argent
Brillaient au clair de lune et illuminaient tant
Que leur cœur fut brûlé.
O Courant coup de foudre,
Où gueux boivent la tasse avant de s’y dissoudre…