LE
PHARE
Tous ces bateaux tordus,
Ces monstres saouls de mers,
Ces moussaillons en vrac sur le brouillon des vagues,
C'est marre, cette lumière
Qui tourne et les détourne du songe où ils divaguent,
Dans leur nuit sombre encore,
La hantise du pied ferme,
Appréhendez, fantômes, la semelle et le sable
La poursuite qui sème vos ombres en l'au delà
Vos âmes affriolées
Vos voix: " nous y voilà "
J'ai déplacé ma couche et tamisé l'ambiance,
Ne craignez plus le feu maussade désormais
Mes cuisses brûlent dans le faisceau
Vos yeux, l'élan de vos vaisseaux
L'ombre chinoise de mon corps nu, auréolée d'étoiles,
Se branle dans le ciel suspendu
Lapant vos bâtiments,
Ondulant en lapdance à vos mât triomphants
Et aux "nous y voilà",
Je cauchemarde des orages
Me maudissant parfois d’espérer le naufrage
Et les cris éconduits
Je m'emmerde de toute façon
Regardez-moi maintenant,
Je m'imagine, projetée sur la nuit et remuant le cul,
Je suis la chair qui t'attend au bordel du coin, je danse
Je suis la peau de l'épouse, sombre d'avoir perdu les effets de la paume, je danse
Je suis la grosse au bar avec ses gros seins qui attend ta tournée et l'ivresse qui l'allonge, je danse
Et la ville me regarde
J'entends déjà les pudibonderies
Les " que fait-elle? " au fond des carrés blancs,
Leur bite est petite et ils songent aux sirènes
Ils s'excuseraient de leur impuissance, je les consolerais, ce n'est pas grave ! serrons-nous l'un contre l'autre, ça reviendra, et attendons l'aurore, ils murmureraient déjà le "rendez-nous la lame", une berceuse et je plonge,
Ils partent, enivrés du vertige, sur une pointe honteuse de pied, chancelant sur le par-terre trop stable, titubant sur cette terre trop plate qu'ils ne comprennent pas