Cette petite créature fragile et si fortiche,
Quand j'étais petit et elle aussi, elle était blondinette, elle dessinait des chevaux et après elle était brune et son frère ne voulait pas que je l'aime mais je le faisais quand même en cachette.
Après, avec les copains, on était un peu con, on mettait nos mains sur leurs chaises à la cantine pour qu'elles posent leurs fesses dessus. Ca nous faisait marrer mais on était plus con qu'amoureux.
Après, on apprend la langue et alors elles étaient intelligentes et à lunettes, elles étaient les premières de la classe et je devais enlever mon appareil dentaire pour que mon palais soit doux. On chronométrait la durée du palot. On faisait de la compet. Plus besoin de respirer.
Après, on apprend vraiment le sentiment, le zizi devient bite et vite très grand parce que, pour elle comme pour nous, ça démange de glisser les doigts dans les braguettes et de dégrafer les soutiens-gorges, et un jour,
je suis nu et c'était pitoyable, je m'étais jamais servi de ce truc qu'entre mes doigts et c'est très différent. En plus, le cœur est tellement exalté que ça explose trop vite mais il fallait que je passe par là pour savoir comment ça devait être mieux, pour elle, pour moi, pour nous et pour les prochaines auxquelles on ne songe pas encore,
Ensuite, vient l'amour qui va me casser les dents avec le sérieux des adultes qui ronge le cerveau plus que le cœur et c'était aussi bon que de manger le meilleur chocolat du monde jusqu'à s'en rendre malade; celle-là, avec ses petites lunettes rondes et son minois de clown grave à croquer, elle a été très profond sous ma peau et la vie fait des choses, parfois, qui l'arrache, la peau, alors même si dessous, c'était très chaud comme du sable sur une île perdue entre la Thailande et le Viet-Nam et qu'on s'allonge à poil, la température n'a pas tenu. C'est comme la loi des saisons.
Après, y en a eu plein; les instants radieux d'un cul qui se promenait dans plein d'appartements, et que je croquais avec l'appétit du survivant à l'avalanche. Celles-là, majestueuses et uniques, aimables comme la femme fatale qui te tend le poison au bout d'un baiser, celles-là, grandes, petites, moyennes, douces, caractérielles, connes, éblouissantes, putes, naïves, cyniques, celles-là avec qui tu t'endors devant un film d'action de merde ou qui te sucent devant un film de Terrence Mallick, à qui tu fais la lecture de ta dernière pièce ou qui te lit le fait divers du parisien, chez qui tu sonnes avant l'aube et que la place au chaud est déjà prise ( ça ne me dérange pas) qui te redécorent ton 15 m2 avec des fleurs ou avec des mots de haine et de colère, celles-là elles me tenaient au monde par la queue, et toujours trop emballé, le coeur était une balançoire aux cordes craquellantes, j'avais envie qu'elles me tiennent en suspens tout en haut, je voulais qu'elles me lâchent et que ça aille très vite, qu'elles me poussent en courant derrière-moi, et que devant, elles m'invitent à sauter pour rejoindre la terre ferme; et je n'étais plus un enfant, je n'étais plus un jeune blanc-bec avec des boutons non-plus, j'avais une barbe de cinq jours et les yeux défoncés, j'avais l'argent et la rage et la tension à 16 la nuit contre 2 au matin, et l'envie de jouir sur leur visage.
Et alors, j'aime, à la folie, car je suis fou et c'est pour ça que tu dégages! car tu es folle ! On fonce dans le mur car on veut savoir ce qu'il y a derrière le mur, on fonce, zone de turbulences, ferme les yeux ! et j'ai trop regardé batman quand j'étais petit , il fait sombre à l'intérieur, j'ai des chauve-souris dans la cervelle, et tu es si belle, toute en latex, comme catwoman, griffe-moi, mia-miaou, et on sort de la bagnole en marche avant le ravin, james dean aussi je l'aimais bien, j'allais chez le coiffeur avec une photo de lui, et quand elle s'en va, je dis "reviens !" mais c'est trop tard, on avance sur nos petits flaques de chagrin, et c'est si rigolo de patauger dedans en éclaboussant autour. On se fait le pire comme une passion qui s'amuse, donner, prendre, recevoir, tout est brusque et sanguin. On s'en fout, on vit, on crie, on rit, on pleure. Bah quoi ? On s'aime, non ? Ca explose à la manière d'un raisin qu'on fait gicler entre ses doigts quand vient l'heure des vendanges et que l'ivresse est déjà sur les papilles. On est ravi de ne rien maîtriser et quelque part, on est même ravi de savoir qu'on paiera tout.
Quand y en a marre, y a plus qu'à se ressaisir. Alors le calme, le silence, le plaisir tranquille, serein, qui est doux comme la vague quand on veut divaguer, qui est grand comme la divinité. Si j'y croyais. Avec un paradis dans le dessous des draps. C'est plus coton que les nuages. Pour sûr, je meurs, brûlé entre tes doigts et puis je renais davantage.
Une petite créature, elle fait peur, elle fait rire et plaisir, elle fait la pluie et le beau temps, elle fée, le bien, elle sorcière, le mal, qu'importe ! je ne me lasserai jamais ni du goût d'une chatte, ni de la lueur dans les yeux amants, aimants, ni de ces petites fossettes creusées en bas du dos, juste au dessus de la fessée, qui semblent être la marque de tous les désirs chanceux d'avoir crispé leur poigne autour des hanches, depuis son origine.
Des fois, on a juste envie de chuchoter un pardon qui ne sert à rien.
Un pardon ? Je voulais dire " allons-nous en."