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J'ai retrouvé cette photo de vous

Que j'avais prise du haut des dunes

La vague était au garde-à-vous,

Au fond du jour, déjà, la lune

​

Vous sembliez sereine et folle

Les pieds nus pailletés de sable

Le regard surfant sur la tolle

Brisée que le courant accable

 

Vous me paraissiez si petite

Devant l'océan redoutable

Comme le bûcher qui crépite

Sous la brindille vulnérable

 

Et vous pensiez alors à vous défaire de moi

Et les flots vous soufflaient comment où et pourquoi

Et moi, je vous aimais, c'est du sable tout ça,

Un coup de vent soudain et la nuit se déploie

 

J'ai retrouvé cette photo de vous

J'avais la focale amoureuse

Vous étiez nette où tout est flou

J'ai feins que vous étiez heureuse

 

Je vous ai rejoint sur la plage

Le temps était à nos genoux

Il nous demandait davantage

Vous aviez mis un point, c'est tout,

 

A nos amours d'humeur sauvage,

Gardant ce résolu pour vous,

Le temps que rumeur se propage

Au rythme où marées et remous

 

Murmurent au coeur qu'il fait soir.

Sous la pergola de bambou,

Nous étions allés nous asseoir.

Les adieux nous mettaient en joue.

 

Nous avions joui sous leur joug.

Comme jamais. La peau violente,

Indomptable ! Et ses à-coups

De douceur, précise et lente,

 

Le vent qui froisse le silence

Des draps qui se cognent au désir,

Les gifles et baisers qui s'élancent,

L'aveu qu'on voit s'évanouir,

 

Et l'aube fraîche dans la tasse,

Nous sommes d'inconnus fuyards,

Votre dos, nue sur la terrasse,

S'apprête déjà au départ

 

Vous vous étiez tournée vers moi,

La paix dans le creux de vos yeux,

Lame de fond en fond de voix,

Lappant au palais cet adieu.

 

Le sourire qui masque la peine,

Amour, engloutis tes remords,

Nous avons au cœur, lune pleine,

La marée nous tient par le mors,

 

J'ai brûlé cette photo de vous.

Que j'avais prise du haut des dunes.

Vagues, rompez le garde-à-vous

Que se dérobe la lagune.

​

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Polaroïd

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